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14 novembre 2011

Turquie 0-3 Croatie : Bilic montre comment jouer en 4-4-2 face à un 4-3-3

Une superbe prestation des Croates qui les met dans une position très favorable avant le match retour de mardi.

Guus Hiddink choisit un 4-3-3, avec l'arrivée Giray Kacar derrière. Kazim Kazim étant blessé, Burak Yilmaz reste avant-centre, soutenu par Arda Turan et Hamit Altintop.

Slaven Bilic utilise lui un 4-4-2, avec Mario Mandzukic et Ivica Olic en pointe. Luka Modric est au milieu et Ivan Rakitic déplacé sur la gauche, Vedran Corluka est aligné latéral gauche pour laisser Domagoj Vida à droite.

Croatia a pris l'avantage dés la 2ème minute et a toujours eu le contrôle du match, bouclant le match (et probablement le barrage lui-même) grâce à un 3ème but de Corluka à la 50ème.

Formation

Le match est une opposition de systèmes, un affrontement classique entre un 4-3-3 et un 4-4-2. Bien que la formation ne dicte pas totalement le style de jeu d'une équipe, il est clair que certaines formations sont mieux adaptées à certains approches du jeu (et vice et versa). La différence entre un 4-4-2 et un 4-5-1 / 4-3-3 est joliment resumée par Sir Alex Ferguson :

“L'idée derrière le 4-5-1 est que l'on peut contrôler le milieu et garder la possession du ballon – c'est toujours le but recherché quand on utilise cette formation. Je crois que l'équipe qui a la possession a plus de chances de remporter le match. Avec le 4-4-2, l'accent est plutôt mis sur la volonté de porter la balle à l'avant, et on utilise alors souvent deux ailiers traditionnels.”

Ce match est un parfait cas d'étude : le 4-3-3 domine la possession (70% contre 30%) mais 4-4-2 est plus direct et créé plus d'opportunités (13 tirs, 9 cadrés, 3 buts contre 2, 0, 0 pour les turcs) selon les statistiques publiées par l'UEFA.

La tactique Croate


Comment la Croatie réussit cela? Pendant les 5 premières minutes, ils exercent un fort pressing offensif,  Olic et Mandzukic travaillant tout deux sans ménagement pour faire reculer les défenseurs centraux et le plus défensifs des milieux turcs, Selcuk Inan. Mandzukic recule souvent défendre sur Inan pour le priver de ballons, et une fois celui-ci gagné par l'équipe, il sprinte pour rejoindre Olic tandis qu'Inan est plutôt attiré par le ballon.

Le but précoce est crucial, il force la Turquie à attaquer et à laisser des espaces pour les contres croates. Ces derniers sont très rapides, et viennent généralement des ailes : la Croatie laisse un joueur devant la défense, en général Tomislav Dujmovic, mais le reste de l'équipe part rapidement en contre. Rakitic et Darijo Srna sont alors les joueurs clés, capables de demander la balle dans l'espace et de déborder les latéraux adverses – ces derniers ayant tout deux réalisé une prestation faible.

Deux lignes de quatre


La Croatie domine les 10 premières minutess, mais par la suite la Turquie commence à tirer parti de son avantage numérique au milieu, et profite du jeu de passe défaillant des visiteurs. Olic et Mandzukic stoppent le pressing pour se concentrer sur Inan, rendant difficile la sortie de balle turque basée sur ce dernier, et posant à ce dernier des problèmes identiques pour porter la balle à l'avant.

Défensivement, la Croatie ne fait rien d'exceptionnel, se contentant d'attendre assez bas avec deux lignes de quatre. La Turquie réagit intélligemment, avec patience et logique dans les passes : d'abord amener les milieux latéraux Croates vers l'axe pour qu'ils résorbent le 3 vs 2, puis profiter de l'espace créé pour que les latéraux y débordent.

Mais les Turcs manquent de pénétration, et leur milieu montre peu de créativité. La Croatie semble souvent laisser trop d'espace entre milieu et défense, mais c'est lié au fait que la Turquie n'amène aucun joueur dans cette zone. Altintop, peut-être, aurait pu venir vers l'axe pour jouer ce rôle, mais le plus souvent c'était Yilmaz qui descendait pour y proposer une solution, ce qui en résultat donne une Turquie jouant devant les lignes croates, plutôt que de les transpercer.

Srna à l'attaque
Srna comment très mal son match, mais le termine en étant un joueur clé depuis son flanc droit. Il est le plus efficace de l'équipe dans la transformation du jeu de la défense vers l'attaque, grâce à ses courses, et fait preuve de beaucoup de malice pour gagner des coup-francs... qu'il tire avec une grande précision. C'est lui qui centre pour le 2ème but signé Mandzukic, et encore lui qui obtient et tire le coup-franc pour la tête de Corluka en début de 2ème mi-temps.

Bilic mérite des félicitations pour avoir placé Srna à ce poste et avoir fait confiance à l'inexpérimenté Vida derrière lui : d'autres auraient placé Srna à son poste favori d'arrière droit, mais il y aurait perdu de son impact offensif.

Remplacements

Le match chance quelque peu après la mi-temps. Hiddink fait entrer l'ailier Gokhan Tore côté droit, sortant le décevant Gokhan Gonul, dontle duel perdu face à Corluka sur le premier but est peut-être le facteur clé du match. Altintop descend sur une position plus axiale, et Sabri Sarioglu faisant son retour en tant qu'arrière droit.

Plus tard, il fait entrer Mehmet Topal à la place d'Inan pour que le ballon circule plus vite au milieu, et Umut Bulut remplace Yilmaz pour que le jeu soit plus direct à l'avant, mais les Turcs ne se procurent pas d'occasions.

Bilic introduit Danijel Pranjic pour Rakitic pour renforcer la défense, puis remplace les deux attaquants pour cause de fatigue, mais tous les remplacements ont lieu après la 80ème : il est clair qu'il voulait éviter les modifications.

Conclusion

Bilic sait combien sa tactique a fonctionné. “Nous méritions de gagner par une marge plus grande encore” dit-il. “Ca a été fantastique. Je veux féliciter tous mes joueurs : ils ont joué le match entier sans commettre la moindre erreur. Ca a été vraiment parfait.” “La Turquie n'a pas eu une seule occasion, ce qui est assez remarquable sachant qu'ils étaient à domicile” ajoute Olic.


Hiddink prend la responsabilité de la défaite. “Je suis responsable du résultat. Les joueurs doivent exécuter leur travail correctement, mais je suis responsable…comment on est mené dés le départ, mal organisé et mis en danger très facilement, ça ne peut être qu'un match très dur. On leur a donné l'opportunité de deux contres-attaques, ce qui nous a tué.”

Bilic a montré comment jouer en 4-4-2 à l'extérieur : il a demandé à ses joueurs de rester bas, puis de contrer rapidement en utilisant les ailes, et a porté son attention sur le milieu supplémentaire des Turcs, Inan, chargeant ses attaquants de redescendre sur lui pour le bloquer. L'activité des deux de devant, les pénétrations de Srna et la discipline de Dujmovic ont été déterminants.

La Turquie est quand même passée à côté de son sujet : tant de possession et pas l'ombre d'une occasion... le manque de créativité et d'initiative des milieux axiaux est ahurissant, et le match retour de mardi sera sûrement le dernier de Guus Hiddink en tant que sélectionneur.