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27 janvier 2012

Il vaut mieux être dans les groupes A et B à l'Euro...

...surtout à partir des demi-finales.

Dans le tirage au sort d'une grande compétition comme l'Euro, après les sempiternels discours et les danses traditionnelles des nations hôtes, la première partie du processus consiste à placer les têtes de séries dans les différents groupes. Comme cela arrive souvent, on avait d'ores et déjà assigné la Pologne au groupe A, et le co-oroganisateur ukrainien au D.

A ce stade du tirage, les commentateurs expliquent en général que le nom du groupe dans lequel on est placé n'a aucun impact, que seules importera le nom des adversaires.

Mais ont-ils raison? Il y a pourtant un avantage clair (que l'on soit tête de série ou non) à être dans le groupe A plutôt que dans le D. Sur ce tournoi, une équipe du groupe A qui atteint la finale jouera 6 matchs en 24 jours, contre 6 matchs en 21 jours pour une équipe du groupe D.



Dans le football moderne, alors que les joueurs sont souvent mis au repos pour leur donner le temps de récupérer pour les échéances importantes, et alors qu'on considère qu'être en Ligue Europa est un handicap significatif pour jouer le championnat, une telle différence de 3 jours ne peut pas être négligée.

Bien sûr, le contre-argument évident est qu'une équipe du groupe D a plus de temps pour préparer le tournoi, et c'est clairement une remarque valable. Mais ce n'est pas un avantage réel étant donné que les autres équipes du groupe -les premiers adversaires contre qui la préparation est déterminante- en profitent également. Il est par ailleurs fréquent d'entendre les joueurs parler de la frustration qu'il y a à regarder les autres équipes jouer pendant qu'on attend encore son entrée dans la compétition


L'Espagne a remporté l'Euro 2008 en étant dans le groupe D (et a répété la performance en Coupe du Monde dans le groupe H) ce qui indique de commencer tard n'est pas une barrière insurmontable. Cependant, le nom du vainqueur final est sujet à trop de variables pour dire que ce seul contre-exemple suffit à détruire la théorie selon laquelle ceux qui commencent en premier sont avantagés.

Le cas particulier des demi-finales

A cause de la structure du tournoi, être dans le groupe A ou B sera particulièrement important au stade des demi-finales. Deux équipes issues des groupes A et B affrontent des adversaires issues du C et du D qui auront eu 2 jours de récupération en moins depuis leurs quarts de finales.


La première demi-finale du 27 Juin mettra au prise une équipe ayant joué le 21 contre une autre qui aura joué le 23. De même, la demi-finale du 28 Juin fait se rencontrer des équipes ayant joué le 22 et le 24. Cette structure a été choisie pour éviter que le tournoi coupé en deux tableaux, empêchant dés le départs certaines combinaisons de finalistes (comme à l'euro 2008 -ce qui tempère l'argument espagnol cité plus haut- ou à la coupe du monde 2002), mais donner deux jours de repos supplémentaires à une équipe est une énorme inégalité à ce stade d'une compétition.

En fait, aucun match à élimination directe ne mettra aux prises deux équipes disposant du même temps de préparation. Le graphe ci-dessous montre combien de jours de récupérations chaque qualifié aura en plus ou en moins que son adversaire à chaque tour.

En raison des nombreuses variations de la structure du tournoi depuis que l'Euro à 16 a été introduit en 1996, il n'y a eu que 2 matchs où les équipes avaient cette différence de 2 jours de récupération : il s'agit des demi-finales de l'Euro 2004. Et à chaque fois, l'équipe avec le plus de repos a remporté le match, le Portugal et la Grèce battant les Pays-Bas et la République Tchèque. La finale a opposé deux équipes issues du groupe A.

Synthèse



C'est au stade des demi-finales que la récupération va devenir un facteur clé, et il vaut alors mieux être issu des groupes A ou B.

En remportant le groupe A, on cumule au total 4 jours de récupération de plus que les adversaires au cours de la phase à élimination directe. En remportant le groupe D, on joue systématiquement avec moins de repos.

NDT : un petit article mis en ligne sur ZM au moment du tirage, mais qu'il faudra garder à l'esprit le jour de la compétition et qui peut être intéressant pour les parieurs. Pour ajouter une note personnelle, j'avais vraiment été marqué en 2004 par la différence apparente de forme physique entre les demi-finalistes... une formule plus équitable serait de faire jouer les quarts de finale sur 2 jours au lieu de 4.

26 janvier 2012

Barcelone 2-2 Real Madrid : le Real presse longtemps, mais rate trop d'occasions

Le Real a commencé fort et terminé sur le même rythme, mais 5 bonnes des barcelonais avant la mi-temps ont suffit à ces derniers, qui alignaient une équipe inchangée par rapport au match aller, avec Jose Pinto toujours titulaire dans les cages.

Jose Mourinho a formé pour sa part une équipe très offensive, avec Kaka en meneur de jeu axial et Gonzalo Higuain en pointe. Pepe retrouve sa place en défense.

La domination et la prise d'initiative du Real hier soir a été supérieure à tout autre clasico de l'ère Mourinho : Barcelone n'a jamais pu jouer à son rythme, et a dû batailler ferme jusqu'à la fin du match

Premières minutes


Comme on pouvait le prévoir, le Real presse d'entrée de jeu, avec 4 attaquants jouant très haut pour perturber les 4 défenseurs adverses. Et comme lors des matchs précédents, les madrilènes ont eu une occasion rapide, avant que l'adversaire ne soit bien entré dans le match : Higuain profite d'une mauvaise relance catalane, mais manque le cadre, après seulement 10 secondes.

Cette action résume bien la première mi-temps : le jeu de passe de Barcelone est imprécis, mais le Real gaspille ses opportunités. L'équipe de Mourinho mérite d'être félicitée pour le travail effectué et le courage qu'il faut pour attaquer dés le début du match, mais il semble quand même que Pinto n'est pas étranger aux problèmes du Barça. Il n'est pas aussi à l'aise balle au pied que Valdes, et plusieurs fois ses mauvaises relances ont entrainé des pertes de balles en près de la surface de réparation.

Le Real a aussi bien géré les transitions. Ils ne jouent pas si souvent avec des joueurs offensifs au style direct, et Kaka a mené quelques contre-attaques avec brio. Comme Sergio Busquets surveille Kaka, de l'espace se créé pour Mesut Ozil, qui a fait un de ses meilleurs Clasicos, positionné à droite du 4-2-3-1.

Cependant, même si Barcelone avait prévu ce pressing madrilène dés le coup d'envoi, il est aussi normal qu'ils auraient attendu que le Real s'essoufle comme à l'accoutumée après 30 minutes. Pourtant, malgré les 2 bus inscrits avant la mi-temps, cette baisse de régime n'a jamais réellement eu lieu.

Les problèmes barcelonais


Le jeu de passe du Barça a été de moins bonne qualité que d'habitude. Deux problèmes principaux apparaissent : premièrement, ils n'arrivent pas à sortir la balle rapidement depuis l'arrière à cause du pressing adverse. Deuxièmement, ils n'ont pas assez étiré le jeu, et ont donc tenté de jouer dans un espace congestionné au centre du terrain. A l'aller, leur solution de sortie était toujours Iniesta, libre sur l'aile gauche. Il a joué le même rôle hier, mais face à Alvaro Arbeloa, un latéral de métier, plutôt qu'un Hamit Altintop qui n'avait pas paru à l'aise à ce poste.

Arbeloa a donc bien mieux défendu, et Iniesta ne sait alors plus s'il doit coller la ligne de touche (où il est sevré de ballons) ou venir à l'intérieur, où il aggrave la densité de joueurs. Le Barca n'a pas d'ailier droit de l'autre côté, Dani Alves ayant été appelé à rester prudent, et étrangement l'équipe n'a pas semblé vouloir s'appuyer sur la possession de balle pour tuer le match, la dégageant beaucoup trop souvent au loin.

Leur méthode principale de pénétration à l'aller avait consisté en des ballons joués par dessus la défense, cherchant des courses de Fabregas depuis le milieu. L'ex-gunner l'a réalisé une fois au retour, mais a ensuite raté sa transmission pour Messi. Alexis Sanchez est l'autre grande menace, jouant légèrement excentré côté droit, mais la défense Madrilène a joué un peu plus bas que la semaine dernière (et donc moins en danger dans la profondeur). La présence de Pepe, plus mobile que Carvalho, a aussi aidé.

Le Real n'est pourtant pas aussi compact que d'habitude. Quand Lassana Diarra monte au pressing sur Xavi,cela libère un espace entre les lignes pour Messi. On le voit bien sur le premier but : quand Messi reçoit la balle, il est déjà derrière les deux milieux défensifs de Madrid. Bien que sa course et sa passe soient brillantes, il n'a pas réellement d'opposant à éliminer.

Pedro est à la finition de ce but, et la blessure d'Iniesta réussit plutôt bien au Barça. Pedro étire bien le jeu et apporte du danger en profondeur par sa vitesse. Sa présence élargit donc la zone de jeu et donne donc plus d'espace à son équipe pour faire circuler la balle.

Remplacements

La clé de la 2ème mi-temps et du retour du Real est le double changement de Mourinho à l'heure de jeu. Esteban Granero avait déjà remplacé Diarra, changement lié au carton reçu par le Français (et il n'apporte plus grand chose sur le terrain dés lors qu'il ne peut plus tacler) mais qui a quand même amélioré la vitesse du jeu de passe Madrilène.

Karim Benzema remplace Higuain poste pour poste, et surtout Jose Callejon prend l'aile gauche, et Kaka sort. Callejon peut donc surveiller les montées d'Alves et Ronaldo passe en attaque. Le Real se retrouve donc plus ou moins en 4-4-2, avec Benzema et Ronaldo très mobiles : l'un décroche quand l'autre prend la profondeur; l'un appelle à gauche quand l'autre part à droite.

Cela marche parfaitement, emmenant Piqué et Puyol aux quatre coins du terrain. Ces deux-là ont semblé nerveux toute la soirée, mais à ce moment aucun des deux n'est libre, et Guardiola ne prend pas la décision de faire descendre Busquets pour former une défense centrale à 3, ce qui aurait paru logique. Fabregas et Xavi auraient pris le milieu, et Mascherano aurait pu entrer en cas de manque de fraicheur. Busquets, après tout, n'avait plus de meneur de jeu axial à surveiller.

Peut-être qu'un défenseur libre aurait permis d'éviter les buts madrilènes? C'est impossible de le dire, mais l'élimination de Puyol par Ronaldo a été relativement facile, et le deuxième but est encore un exemple de perte de balle facile en défense qui se transforme en situation dangereuse.

Le manque de pressing des attaquants barcelonais n'aide pas. En effet, sans être vraiment dominés dans le jeu, Barcelone a clairement été dominé dans l'intensité du pressing.

Tardivement, Guardiola remplace Sanchez par Mascherano, qui passe défenseur central, et Puyol prend le côté droit. Encore une fois, un défenseur central supplémentaire (plutôt qu'en remplacement d'un autre) peut paraître plus logique... mais Barcelone tient le coup.

Conclusion

Le Real n'a pas gagné le match, et n'a même pas obtenu la prolongation, mais il a produit une performance qu'on risque de ne plus revoir avant un certain temps de la part d'une équipe visiteuse au Nou Camp. Mourinho a été plus téméraire que jamais dans sa composition d'équipe et ses directives. Le Real a gagné la balle haut, bloquant la construction des attaques du Barça, et se procurant des occasions.

Le problème cette fois-ci est simplement le gaspillage devant le but : ils ont eu plus d'opportunités que Barcelone, mais les ont mal terminées. Il faut donc plutôt blamer des erreurs individuelles des joueurs plutôt que le plan de Mourinho, qui a bien fonctionné.