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23 février 2012

Marseille 1-0 Inter : Marseille arrache finalement la victoire sur son 44eme centre

André Ayew marque à la dernière seconde, et Marseille ira à Milan avec un avantage d'un but.

Didier Deschamps privé de son meilleur buteur Loic Rémy, titularise Brandao en pointe. Au milieu, Benoît Cheyrou est préféré à Charles Kaboré.

Claudio Ranieri se passe de Diego Milito pour des raisons de forme physique, et aligne  Diego Forlan et Mauro Zarate, seules surprises dans l'équipe intériste.

Cela a été un match étrange : l'Inter semblait avoir le contrôle en milieu de deuxième période, mais s'est de plus en plus ouvert à la pression adverse. Un 0-0 aurait probablement mieux reflété l'équilibre du match.

Formations

L'Inter se présente en gros en 4-3-1-2, avec Wesley Sneijder se décalant sur la gauche à la perte du ballon pour couvrir ce flanc. C'est d'ailleurs ce qu'il fait naturellement même quand on ne lui donne pas d'instructions défensives.

Comme dans d'autres matchs récemment (Milan-Arsenal et PSG-Montpellier) une équipe "étroite" affronte une autre qui utilise toute la largeur, avec - c'est intéressant - à chaque fois un entraîneur Italien face à un Français.

L'organisation de l'Inter


Les schémas ci-dessus sont néanmoins mis à mal par la souplesse de l'attaque de l'Inter, qui propose un 4-3-1-2 plus flexible que ce à quoi les clubs Italiens nous ont parfois habitué. Sneijder, pas vraiment dans un bon soir, mais il cause des problèmes à l'OM par ses déplacements et c'est de sa zone que vient le danger. Marseille l'avait logiquement identifié comme la menace majeure, mais la volonté de le bloquer conjuguée à ses déplacements lui permettent de fixer Diarra et Azpilicueta.

Cela ouvre des possibilités pour Esteban Cambiasso sur le côté gauche, et il sort du lot sur la première mi-temps, créant plusieurs opportunités et s'essayant lui-même à un tir au but. L'Inter semble avoir un coup à jouer quand Forlan ou Zarate viennent sur la droite de la défense Marseillaise ajouter au surnombre, mais il faut noter qu'Azpilicueta a très bien géré cette menace et a fait un excellent match

Marseille

L'OM se positionne dans un 4-2-3-1 assez standard, et sait qu'il doit s'appuyer sur les deux ailes, et les montées d'Azpilicueta et de Morel. Mais la présence de Sneijder a longtemps différé l'engagement offensif de l'Espagnol, et sur le côté gauche l'OM s'est trop longtemps cassé les dents sur Maicon et Zanetti, qui sont des clients défensivement.

Cependant, la largeur de Marseille lui permet de délivrer beaucoup de centres, près de 4 fois plus que son adversaire, et ce malgré l'apparente sérénité de Lucio et Samuel dans le domaine aérien.



L'aspect le plus intéressant de la bataille tactique est le positionnement de Valbuena, le meneur de jeu Marseillais. Il fait partie de ces joueurs qu'on pourrait décrire comme des "ailiers centraux", et il l'a bien montré aujourd'hui en navigant constamment d'un flanc à l'autre pour créer des 3 contre 2. Il est difficile de trouver un meilleur exemple de joueur axial se déplaçant sur les côtés :



La logique de cette attitude est claire : l'Inter se regroupe dans l'axe avec 3 milieux défensifs, Valbuena n'a donc pas d'espace dans cette zone, et il s'excentre pour avoir des ballons. Mais une fois que Sneijder et lui sont sur un côté, le match souffre du manque de créateurs en position centrale.

Cheyrou aurait pu être le joueur qui résout le problème, mais il a été trop statique et a peu contribué aux attaques. Marseille a souvent attaqué à 4 vs 7, puis 5 vs 7 avec la montée d'un latéral. Cheyrou aurait pu prendre plus de risques, et a fini par tenter quelques percées dans l'axe sur la fin.

Deuxième mi-temps

L'Inter montre un visage un peu plus offensif avec Yuto Nagatomo qui remplace Maicon : ce dernier semblant hors de forme. A un moment donné l'Inter semble prendre le dessus, mais les attaquants vont disparaître, et Sneijder ne se montre pas assez créatif.

Le match devient assez terne en deuxième mi-temps, en partie à cause de la décision de Ranieri de passer en 4-4-1-1 après l'entrée d'Obi sur la gauche, Sneijder se plaçant en soutien de Forlan. Cette formation permet de mieux protéger les latéraux, et on ne peut pas dire qu'elle soit mauvaise, malgré le résultat final. On peut par contre penser que Pazzini ou Milito auraient pu entrer en pointe.

Reste qu'une meilleure défense sur le corner aurait permis de sauver le match nul, et c'est d'abord cette erreur qui a couté cher à l'Inter, plutôt que la tactique.

Conclusion

Un match en apparence moyen, mais qui a pourtant eu un vrai intérêt avant que Ranieri ne tente de le tuer en changeant de formation, mettant fin au spectacle... ce qu'il a réussi malgré la défaite.

L'OM a attaqué intelligemment pendant de longues périodes mais avec un manque de qualité rédhibitoire. Même si l'équipe s'est montrée supérieure sur la fin, elle peut se considérer comme chanceuse de marquer ce but sur corner, et a de vrais motifs d'optimisme avec le retour de Rémy à San Siro.

21 février 2012

PSG 2-2 Montpellier : étroitesse contre largeur

Le leader de L1 affrontait le second ce dimanche, et a maintenu son avance d'un point.

Privé de Javier Pastore (présent sur banc néanmoins), Carlo Ancelotti fait peu de changements par rapport au match nul 0-0 à Nice : seul Matuidi remplace Bodmer au mileu.

René Girard en fait 3 : Hilton revient en défense, Camara est titularisé à droite, et Jamel Saihi reprend sa place dans l'axe du milieu, dans une formation en 4-2-3-1.


Le PSG dominant dans l'axe

Ce match est une opposition de style, ou plus précisément une opposition de formations.Le PSG jouait fréquemment en 4-2-3-1 avec Antoine Kombouaré, mais sous la houlette de Carlo Ancelotti ils évoluent plutôt en 4-3-2-1, son système de prédilection avec Chelsea et Milan.

Face au 4-2-3-1 de Montpellier, cela entraine que les deux équipes sont fortes dans des zones totalement différentes. Paris occupe le centre du terrain,  Jérémy Menez et Nene prenant rarement les ailes, malgré leur habitude de jouer justement à des postes plus excentrés. Ils n'écartent pas plus quand l'équipe perd la balle, contrairement aux leurs alter-egos du Chelsea d'Ancelotti, qui transformaient le 4-3-2-1 avec la balle en 4-3-3 sans.Dans ce pur 4-3-2-1, le PSG joue à 5 contre 3 dans l'axe, bien que les ailiers de  Montpellier fassent un bon travail de repli axial pour protéger la défense.

Il est aussi notable que Menez a passé plus de temps à gauche, Nene travaillant à droite. C'est le contraire de leur positionnement habituel, et la preuve claire qu'Ancelotti souhaite qu'ils combinent dans l'axe, plutôt que de coller aux lignes.

En résultat, la majorité des offensives parisiennes viennent de l'axe. Cela inclut une bonne combinaison pour l'occasion de Kevin Gameiro en 1ère mi-temps, par exemple. Le coup-franc marqué par Alex est aussi gagné en position axiale. L'utilisation du 4-3-2-1 par Ancelotti est probablement destinée à utiliser Pastore dans le système où il excellait à Palerme.

Montpellier contre sur les ailes
Le PSG a un 5 contre 3 dans l'axe, mais Montpellier a des 2 contre 1 sur les côtés.

Les visiteurs profitent bien de ces deux joueurs libres sur les ailes, les latéraux attaquent bien et multiplient les centres au second poteau. Bien que les Parisiens dominent en terme de possession, 57%-43%, ils ont du mal à amener le ballon à l'avant (on y reviendra). Ce n'est au contraire pas un problème pour Montpellier, qui a toujours une solution de sortie facile avec un arrière latéral, qui peut ensuite monter et combiner avec son ailier pour déborder le défenseur adverse.

De plus, Montpellier utilise mieux la balle que le PSG, et réussit à maintenir de longues phases de pression. Ils gagnent des corners en forçant les défenseurs de Paris à des têtes en position dangereuse, récupèrent le ballon à la sortie du corner, l'écartent, et répètent le scénario.

Leurs deux buts viennent de centres, Hilton pour Younés Belhanda puis Olivier Giroud à destination de John Utaka. Le PSG dispose de deux défenseurs centraux forts dans les airs avec Mamadou Sakho et Alex, mais ils ne pouvaient que renvoyer les centres initiaux, et ce sont souvent des milieux déboulant dans un second temps qui ont posé problème.

Autres points importants


On se doit toutefois d'ajouter d'autres remarques aux lignes précédentes pour mieux rendre compte du contenu du match :

1) Le PSG n'a pas pleinement profité de sa supériorité numérique au milieu, parce que le jeu de passe de Blaise Matuidi et de Momo Sissoko a été moyen tout au long du match – des passes simples pas suffisamment appuyées et imprécises. Thiago Motta est descendu très bas chercher des ballons, et a de ce fait fait défaut plus haut sur le terrain pour donner des ballons dangereux, et le PSG manque d'un joueur qui peut diriger le rythme du match et distribuer rapidement des ballons à Nene et Menez.

2) Bien que cerné d'adversaires, Belhanda a fait un excellent match dans l'axe, transmettant rapidement le ballon de la défense à l'attaque, il a créé trois occasions pour son équipe.

3) En 2ème mi-temps les latéraux du PSG se positionnent plus haut pour forcer les ailiers adverses à descendre, et ont contribué à stabiliser la situation sur les ailes

Montpellier aurait pu et aurait même dû gagner ce match, mais a concédé l'égalisation en fin de match après une perte de balle dans l'axe alors que beaucoup de joueurs étaient devant la balle, et que l'équipe était donc vulnérable. Il est intéressant de noter que Girard a sorti ses deux milieux défensifs, Estrada et Saihi, pour faire rentrer Stambouli et Marveaux. Il est facile de le dire après coup, mais peut-être que Girard aurait dû garder un des deux et renforcer l'axe du terrain, là où le danger pouvait venir côté Parisien, malgré le passage de ces derniers en 4-2-3-1 "étroit" après l'entrée de Pastore.

Conclusion

Deux équipes avec des qualités différentes. Montpellier a été supérieur, débordant constamment son adversaire sur les côtés. Paris a eu besoin des erreurs adverses et des coups de pieds arrêtés pour marquer, et est clairement une bien meilleure équipe avec Pastore

Avec 8pts d'avance sur Lille, le titre devrait se jouer entre ces deux équipes : Paris a des joueurs supérieurs, mais le système de Montpellier est plus cohérent.