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8 janvier 2012

Newcastle Utd 3-0 Manchester Utd : Newcastle combine pressing haut et jeu long

Newcastle a produit une excellente performance pour dominer Manchester United, et leur infliger une seconde défaite d'affilée.

Alan Pardew titularise Shola Ameobi en pointe, indiquant que Newcastle va jouer un jeu plus direct que d'habitude. Il utilise aussi Ryan Taylor dans un rôle inhabituel de milieu axial-droit, et Davide Santon au poste de latéral gauche.

Sir Alex Ferguson aligne un Dimitar Berbatov en grande forme, et Wayne Rooney est réintégré à l'équipe. Antonio Valencia prend l'aile droite de la défense, et la paire du milieu est composée de Ryan Giggs et de Michael Carrick, le tandem utilisé par Ferguson lors des matchs éliminatoires en Ligue des Champions l'année dernière.

Le match a été finalement assez simple : deux 4-4-2 classiques s'affrontant. Les problèmes de Manchester United au centre du terrain peuvent être évoqués, mais la rencontre a d'abord tourné autour de deux facteurs.


Pressing haut


Dans son interview d'après match, Pardew a clairement indiqué ce pourquoi il pensait avoir gagné. “Nous avons gagné ce soir car nous avons contrôlé le match dans la mesure où nous avons pu faire ce que nous voulions au départ. Nous ne voulions pas les laisser jouer, je pense que nous avons pris un risque en exerçant un pressing haut, mais nous avons eu l'avantage dans le physique et le jeu aérien, et nous avons capitalisé sur ça.”

On ne peut pas faire plus simple et précis comme résumé, et le crédit sur cette victoire revient à Pardew. Manchester United a fait des erreurs individuelles lors de la défaite face à Blackburn, mais cette fois il a été totalement dominé.

Newcastle tire un bénéfice majeur de ce pressing haut. Cela rend la bataille du milieu décousue, engagée, et jouée sur un rythme rapide. Cela ne convient pas à l'équipe de Ferguson : quand elle joue avec deux passeurs dans l'axe plutôt qu'avec des joueurs énergiques comme Fletcher ou Anderson, elle a besoin que le jeu soit calme, lent et calculé, tout le contraire d'un champ de bataille. L'example le plus évident est la défaite 2-1 à Stamford Bridge la saison dernière. Dans la première mi-temps MU avait contrôlé le tempo et menait 1-0, mais quand Chelsea a mis de l'engagement, Carrick et Scholes n'ont pas pu faire face.

Il y a d'ailleurs également une similarité des formations dans ces deux matchs, 4-4-2 vs 4-4-2, et bien que ça ne soit pas un facteur crucial, il n'est pas non plus anodin : il implique que Newcastle pouvait bloquer le milieu Mancunien sans risque de se faire contourner, tant il est plus facile de presser à 2 contre 2 qu'à 2 contre 3. Beaucoup de ballons ont été gagnés dans la zone d'activité classique des milieux défensifs, mais la volonté de presser haut était bien présente.



Les attaquants de Manchester

Sur ce point, le positionnement de Rooney soulève des interrogations. Il est resté haut sur le terrain, semblant attendre des ballons, alors que décrocher aurait pu être intéressant pour avoir de l'espace libre ou sortir un défenseur de la base arrière. Cela dit, Newcastle a bien réussi à rester compact, la défense n'hésitant pas à monter plus haut sur le terrain qu'à l'habitude.

Plus impressionnant encore, les Magpies ont été assez courageux pour maintenir une ligne de défense haute même quand Ferguson a introduit la vitesse de Javier Hernandez, le 4 défensif a très bien travaillé et a pris le Mexicain au piège du hors-jeu à 3 reprises en 25 minutes, il n'a réussi au final que 2 passes.

Ballons longs


Le deuxième point tactique majeur est l'utilisation des longs ballons par Newcastle, qui a contribué de façon évidente au premier but (superbement réalisé par Demba Ba) et au troisième (marqué contre son camp par Phil Jones).

Sans Nemanja Vidic, United a une vulnérabilité différente en défense. Avec le Serbe, l'équipe avait tendance à descendre très bas et à s'exposer aux frappes de loin. Avec un joueur plus mobile comme Jones (ou Smalling), elle peut jouer plus haut sur le terrain, mais est moins forte dans les airs. Pardew a identifié cette nuance et l'a bien exploitée.

Tim Krul a joué long de façon quasi-systématique, tandis qu'Ameobi livrait un match de guerrier devant, gagnant des ballons aériens et tentant de les dévier vers Ba. Jones a tenté de rester très près d'Ameobi, laissant Ferdinand le couvrir et tenir Ba. Ferdinand est souvent descendu extraordinairement bas, ce qui mettait une grande distance entre les deux défenseurs centraux.


Il est aussi surprenant que Jones ait été aussi faible dans les airs. Il manque d’expérience bien sûr, mais on se souvient qu'il avait été brillant lors de son premier match avec Blackburn, où il avait pris le meilleur sur Didier Drogba dans le jeu de tête. Quand on peut maitriser Drogba, on peut en faire autant avec Ameobi. Le vent a clairement posé problème et Jones mérite qu'on lui laisse à nouveau sa chance à l'arrière.

Conclusion

Il peut paraître condescendant de résumer la victoire de Newcastle à son engagement physique, mais comme l'admet Pardew, ça a été un facteur clé. L'équipe visiteuse n'avait pas assez de puissance au milieu du terrain, et avait aussi des faiblesses à l'arrière.

Un facteur tout aussi important a été le courage de Newcastle dans son placement sans le ballon : un pressing haut forçant Manchester à reculer. Rooney et Berbatov ont rarement été touchés et Hernandez a eu un faible impact. Ce choix est d'autant plus admirable que Newcastle est habituellement beaucoup plus attentiste dans les phases défensives, mais Pardew avait vu les faiblesses de l'adversaire et a agi en conséquence.