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3 juillet 2012

Italie 0-0 Angleterre : Pirlo encore à la baguette

Italie n'a pas réussi à marquer malgré une domination de 120 minutes, mais a finalement remporté la séance de tirs aux buts.

Cesare Prandelli titularise Riccardo Montolivo à la pointe du losange, en raison des problèmes physiques de Thiago Motta.

Roy Hodgson ne change pas le XI qui a battu de justesse l'Ukraine en phase de poule.  

L'Italie s'est montrée supérieure dans toutesl les zones du terrain, seule la finition l'a empêchée de mener au score.
Bataille tactique

Un match assez simple : le rapport de force se maintient du début à la fin, les formations restent inchangées, les remplacements ne sont pas déterminants et le rythme est assez linéaire. Un système en affronte un autre pendant 2 heures.
 
La visée du système transalpin est la domination du centre du terrain, avec deux passeurs aux points du losange et deux coureurs sur les côtés pour apporter du volume de jeu et des courses vers l'avant. Le système anglais offre en théorie plus de largeur.

On peut dégager deux points clés dans le match : d'abord la largeur apportée par les latéraux, ensuite le fait que l'Angleterre laisse Pirlo dominer le jeu.

Etroitesse et latéraux

L'Italie a beaucoup plus souvent le ballon que l'Angleterre. Cela est tout à fait prévisible si on se fit aux systèmes mis en place. Il en résulte que l'affrontement des deux formations se déroule de la façon dont les Italiens le souhaitent, et que leur adversaire se retrouve obligé à s'organiser différemment de ce qu'il voudrait.

En d'autres termes, les anglais deviennent trop axiaux. Milner se fait attirer à l'intérieur et joue au contact de Daniele De Rossi, tandis qu'Ashley Young se retrouve finalement aussi dans une position centrale, près de Claudio Marchisio. Milner est plutôt bien taillé pour ce rôle et a bien réalisé ses devoirs défensifs, mais Young est moins à l'aise en défense et il a peu apporté vers l'avant. Hodgson aurait peut-être pu accepter une organisation asymétrique, en demandant à Gerrard, Parker et Milner de défendre sur De Rossi, Montolivo and Marchisio, mais en laissant Young libre à gauche pour servir de solution de contre-attaque.

Comme l'Angleterre se laisse resserrer dans l'axe, toute la largeur vient des latéraux des deux équipes. L'Angleterre s'en accommode très bien en début de match, Glen Johnson attaque sur la droite et se procure la première vraie occasion. Il délivre également plusieurs bons centres, et l'Angleterre semble alors avoir le comportement adéquat quand elle récupère la balle... mais après une demi-heure, Johnson devient beaucoup moins libre de ses mouvements.



Plus le match avance, moins l'Angleterre voit la balle. Cela donne de plus en plus de liberté offensive aux latéraux italiens pour écarter le jeu et agrandir la zone active, forçant les anglais à travailler sur une plus grande partie du terrain. Les latéraux de la Squadra jouent beaucoup plus haut et ont un rôle bien plus important dans la rencontre que leurs homologues anglais qu'ils forcent à reculer, malgré le fait qu'ils n'aient pas été impliqués dans une action décisive.

Pirlo

La liberté offerte à Andrea Pirlo est un paramètre plus important. Par moment l'Angleterre réussit à s'organiser convenablement, amenant les deux attaquants en repli vers la zone centrale, restant compacte, et mettant Danny Welbeck et Wayne Rooney aux basques de Pirlo. Quand Welbeck est en position de bloquer le milieu de la Juve, il s'y prend globalement bien.

Rooney est plus laxiste, et après 30 minutes, quand la domination de Pirlo devient claire, on entend Joe Hart criant à Rooney de le suivre. C'est clairement aussi ce qu'attendait Hodgson, et on a vu pendant tout le match Rooney trottinant à contre-coeur en direction de Pirlo. C'est une réminiscence de la finale de la C1 2011, où il avait commencé au marquage de Busquets, avant d'abandonner petit à petit son milieu de terrain face au surnombre adverse.

Il est étrange de voir que l'indiscipline tactique de Rooney soit devenue un tel problème : il y a quelques années à peine on louait au contraire sa capacité à se sacrifier de bon coeur pour le bien de l'équipe. L'Angleterre aurait eu besoin de son coéquipier en club Park-Ji-Sung qui avait fait un énorme travail sur Pirlo en 2009/2010, ou d'Urby Emanuelson, auteur d'un travail comparable cette année. Laisser Pirlo libre est suicidaire, et l'Italien a réussi 30 passes de plus que n'importe quel autre joueur sur le terrain.



Et il ne s'agit pas uniquement de passes latérales (bien qu'il distribue souvent le ballon aux latéraux), plusieurs sont même les meilleures du match : il commence par chercher Antonio Cassano, qui pose des problèmes à Terry, puis il devient clair que la vitesse de Mario Balotelli est l'arme la plus utile à exploiter pour l'Italie. Une situation résume bien le schéma : Pirlo reçoit la balle dans son propre camp, remonte tranquillement 25m avant d'ouvrir par dessus la défense pour Balotelli, repris in-extremis par Terry. Toujours pas de pression sur Pirlo, et une nouvelle occasion est créée après une belle transversale pour Cassano au 2nd poteau, qui remise vers un Balotelli maladroit aux 6m.

L'Angleterre ne règlera pas le problème Pirlo directement, mais le subit un peu moins en défendant très bas. En première mi-temps la défense anglaise garde une défense étonnamment haute et a souffert sur les balles en profondeur, mais plus l'Italie a dominé la possession, plus les Anglais ont hésité à quitter les abords de leur propre surface de réparation.

Cela a pour effet de réduire l'espace dans le dos des défenseurs, le seul grand geste créatif de Pirlo pendant la prolongation est une nouvelle passe en profondeur pour Balotelli, rapidement après une perte de balle de Rooney alors que l'Angleterre se trouvait en position offensive. Mais ce type de situation est alors très rare et l'Italie aurait exploité toute tentative d'offensive anglaise. L'Angleterre défend assez bien collectivement dans la dernière heure de jeu, les courtes distances entre les joueurs permettant de bloquer les attaques adverses.

Peu de changements

Les bancs jouent un rôle mineur. Prandelli fait entrer Alessandro Diamanti pour Cassano, Antonio Nocerino pour De Rossi, et Christian Maggio à la place d'Abate. Les trois apportent de la fraicheur mais ne modifient pas le cours du jeu.

Le double changement de Hodgson est un peu plus stratégique, même sans modifier l'organisation de l'équipe. Theo Walcott apporte en théorie un danger supplémentaire en contre, mais ne sera jamais servi correctement, avec notamment plusieurs ouvertures trop longues de Parker en sa direction. Andy Carroll remplace Welbeck pour apporter dans le jeu aérien : cela aide à soulager le reste de l'équipe, mais le soutien est trop lointain pour que cela créé du danger.



Carroll et Walcott sont des entrées logiques, mais le choix des sortants est discutable : Milner avait le mérite de travailler défensivement, et Wellbeck faisait un meilleur match que Rooney et aurait fait plus d'efforts pour gêner Pirlo si on lui avait demandé de jouer en soutien de Carroll, comme face à la Suède (pour un résultat offensif mitigé, il faut l'avouer).

Jordan Henderson remplace Scott Parker pour donner un second souffle au milieu. Cela se comprend : Parker est épuisé, et Gerrard souffre de crampes et reste très bas, et Henderson est plutôt bon dans ce rôle de supplément d'énergie.

Mais l'Italie reste la meilleure équipe sur la grande majorité des 120 minutes, et c'est justice que le moment le plus excitant de la victoire aux tirs-aux-buts soit encore venu de Pirlo.



Conclusion

Le losange transalpin a contrôlé le match, et Pirlo en a été la star : dictant le tempo et créant les occasions. L'incapacité anglaise à le juguler est catastrophique, et il faudra se questionner sur le rôle défensif de Rooney. L'Italie a aussi concentré les Anglais dans l'axe avant d'attaquer avec les latéraux, et aurait dû remporter ce match pendant le temps réglementaire

A ce moment de la compétition, on attend cependant toujours que la squadra produise une performance totalement convaincante : malgré la domination nette dans le jeu cette fois, la finition a été mauvaise. L'équipe n'a pour l'instant marqué qu'un seul but dans le jeu, et n'a battu que l'Irlande, qui était déjà éliminée. Le jeu de possession est excellent et Pirlo est un des meilleurs joueurs de la compétition, mais il faut encore se montrer impitoyable dans la zone décisive.

L'Angleterre était simplement trop limitée pour aller plus loin, et bien que l'on puisse se poser des questions sur les décisions de Hodgson sur ce match (le cas Pirlo, les remplacements), son approche globale de la compétition semblait bonne. Quand on récupère si peu de temps avant le début du tournoi une équipe qui n'est pas particulièrement douée techniquement par rapport aux autres engagées, il est logique de tabler sur une bonne organisation. La performance défensive n'a pas toujours été impressionnante, mais l'Angleterre n'a pas perdu de match. Avec un peu plus d'exploits de Rooney ou de Young, elle aurait pu aller plus haut que prévu, bien que la non-efficacité des offensifs créateurs est forcément liée à un ensemble collectif solide et défensif. On n'a jamais vu un plan clair pour gérer les transitions, c'est même évident sur ce match où les milieux d'ailes se faisaient attirer vers l'axe et n'étaient pas en position de lancer des attaques en cas de récupération du ballon
Pour Hodgson, le vrai test commence maintenant. Un style aussi réactif est entièrement acceptable sur un projet à court terme, mais l'Angleterre doit faire en sorte de jouer un football plus proactif et plus adaptable si elle veut être un vrai prétendant aux victoires finales, et non un outsider solide priant pour que la chance lui sourie.

18 juin 2012

Italie 1-1 Croatie : Pirlo fait la loi en 1ère mi-temps, la Croatie se réorganise et domine la 2nde


Le 3-5-2 italien a posé des problèmes à la Croatie, mais une réorganisation intelligente de Slaven Bilic à la mi-temps a remis l'équipe dans le match.

Cesare Prandelli garde la même formation et le même XI que face à l'Espagne, Mario Balotelli reste titulaire malgré l'impact de qu'avait eu l'entrée de son concurrent Antonio Di Natale.

Bilic récompense de même les joueurs vainqueurs de l'Irlande 3-1 en leur offrant une nouvelle titularisation.

Un match de deux mi-temps. Dans la première, l'Italie tire 11 fois au but contre 3 tentatives croates. Dans la seconde, les croates redressent le tir 7-3, résumant la modification du rapport de force entre les deux équipes.



1ère Mi-Temps

Les rôles s'échangent sur ce match : l'Italie est l'équipe de l'Euro qui a le moins eu de possession de balle pour son premier match. Le fait que l'adversaire était l'Espagne y est bien sûr pour beaucoup, et l'équipe se retrouve donc dans une situation totalement différente en prenant le contrôle du match. La Croatie, de son côté, avait dominé le premier match, mais se contente cette fois de jouer bas et d'attendre les attaques adverses.

L'Italie utilise à nouveau un 3-5-2 standard, mais la Croatie modifie légèrement sa formation, Luka Modric joue plus bas, Ivan Rakitic pique plus souvent vers l'axe et Darijo Srna joue plus haut sur son aile, couvert par Ognjen Vukojevic. Plus haut, Mandzukic commence le match avec un rôle défensif important sur Pirlo quand l'équipe n'a pas la balle

Bataille des systèmes

Où sont donc les joueurs libres? L'Italie joue globalement à 3 contre 2 en défense quand Mandzukic joue haut, un surnombre qui n'existe pas à l'autre extrémité du terrain. Mario Balotelli et Antonio Cassano ont passé leur temps à se déplacer dans les intervales, en particulier à gauche, vu l'espace laissé par Srna.

En théorie, la Croatie doit profiter des ailes, où elle devrait avoir des situations de 2 vs 1. Mais elle l'a rarement fait, Strinic restant en position d'arrière gauche et Perisic ayant tendance à venir dans l'axe. A droite, Rakitic repique au centre si tôt dans les actions qu'il devient difficile de déborder Giaccherini. D'ailleurs Rakitic a rarement défendu sur ce dernier, laissant cette tâche à Srna.

Bataille du Milieu

Mais la clé de ce match se nomme Pirlo, qui est associé à la domination italienne au milieu. Dans les premières minutes, Mandzukic a fait un bon travail de repli sur Pirlo pour le forcer à faire des passes latérales. Cela laisse alors les Italiens à 3 contre 1 derrière, et force un défenseur (en général Chiellini) à venir se mêler au milieu. A ce moment le match est assez équilibré.

Mais Mandzukic, sans que l'on sache pourquoi, arrête assez vite de harceler Pirlo. Cela peut être de la pure paresse, en tout cas il reste beaucoup plus haut au contact des défenseurs adverses. Cela n'aide pas du tout son équipe, et n'élimine pas l'avantage numérique de la Squadra au milieu (3 contre 2) même si cela fait légèrement reculer Chiellini.

Le pire est que Pirlo se retrouve libre. Et il est le joueur le plus important de cette mi-temps, profitant de beaucoup de temps avec le ballon et envoyant de longues diagonales vers Balotelli, plutôt bien exploitées. On peut se demander quel été le travail défensif de Rakitic : il ne défend pas beaucoup sur Giaccherini et pourrait aider à bloquer Pirlo. Le but de ce dernier vient d'un coup-franc et non d'une action de jeu, mais il est le buteur approprié.


Deuxième Mi-Temps



Bilic ne fait pas de remplacement à la mi-temps, mais modifie complètement son organisation. La Croatie se présente désormais en 4-2-3-1, Rakitic joue assez bas à côté de Vukojevic, Modric prend la position de numéro 10. Mandzukic est délesté de son travail défensif sur Pirlo et devient un ailier droit, voire un deuxième attaquant.

Le point central de cette réorganisation est le positionnement de Modric dans la zone de Pirlo. La force créative de l'Italie est rapidement éteinte et ne reprendra plus jamais son influence sur le match. Il ne peut plus alerter les offensifs par ses longues transversales et ne permet pas à l'équipe de remonter par sa conservation de balle, ce qui est très important quand on joue avec latéraux offensifs en 3-5-2. L'Italie se retrouve alors trop souvent avec 2 joueurs en position offensive, alors qu'il y en avait beaucoup plus en 1ère mi-temps.

La Croatie a alors le contrôle du match et maintient l'Italie dans son propre camp. Le surnombre sur les ailes devient beaucoup plus évident, en particulier à travers les montées de Strinic (bien qu'il avait déjà cette liberté en théorie en 1ère mi-temps). Les latéraux offensifs italiens deviennent des latéraux classiques et la pression Croate se fait constante par le biais de nombreux centres.

Egalisation

Danijel Pranjic remplace Perisic sur la gauche, et permute avec Vukojevic sur l'action du but. Ce dernier réalise une bonne course sur la gauche pour créer un 2 contre 1 face à Maggio, et Strinic a tout son temps pour centrer sur Mandzukic qui égalise au second poteau

Bien sûr, l'Italie aurait du être capable de gérer les centres,bénéficiant toujours de 3 défenseurs face à deux Croates au moment où Mandzukic quitte son aile se présenter dans la surface, et c'est une claire erreur de jugement de Chiellini qui offre le nul aux Slaves.

Comme face à l'Espagne, Prandelli fait entrer Giovinco et Di Natale devant pour faire varier la menace offensive, pendant que Bilic change Jelavic pour Eduardo, mais de 3ème but il n'y aura pas, et le nul est un résultat logique.

Conclusion

L'organisation initiale de la Croatie aurait fonctionné si Mandzukic avait été plus discipliné dans son travail défensif sur Pirlo, ou si Rakitic avait aidé systématiquement à défendre dans cette zone. Mais Pirlo a au contraire été laissé libre, ce qui est suicidaire. Dans les faits l'Italie se retrouvait face à un 4-4-2, et était tranquille avec un joueur libre à l'arrière.

Les Croates ont été bien meilleurs quand ils sont passés dans un système à un seul attaquant. L'Italie se retrouve alors avec trop de joueurs en défense centrale et n'a plus de surnombre au milieu. La Croatie a amélioré dans le même temps son utilisation des ailes jusqu'à illustrer parfaitement l'impossibilité pour les latéraux italiens de défendre sur deux adversaires à la fois

16 mars 2012

APOEL - Lyon : un bon exemple de match rendu défensif par la règle des buts à l'extérieur

Malgré le final à suspense et l'originalité d'avoir un club Chypriote en quarts de finale de C1, cet APOEL-Lyon a été globalement un spectacle décevant.


Ce constat porte autant sur la technique que sur la tactique. Les deux équipes ont terminé le match avec un taux de passes réussies assez bas (71% et 74%), et aucune modification tactique n'a été entreprise durant la rencontre. Même quand les entraineurs ont fait illusion de vouloir changer les choses (Jovanovic passant de 2 à 1 attaquant, et Garde faisant immédiatement le contraire), les deux équipes ont continué à jouer de la même façon.

Le match avait pourtant démarré de façon excitante, l'équipe à domicile poussée par un public bruyant ayant besoin d'un but. Ayant perdu 1-0 à l'aller, elle serait éliminée si elle ne marquait pas. Elle a donc changé de système, abandonnant le 4-2-3-1 et le jeu en contre habituel et le défensif 4-1-4-1 du match aller, et alignant pour la première fois deux attaquants : Ailton au soutien de Solari.

L'APOEL a donc pris le contrôle du match, le besoin d'attaquer étant de leur côté. En prenant des risques offensifs, ils ont laissé des espaces pour les contre-attaques adverses. Cela peut paraître simpliste, mais en football il faut qu'au moins une équipe attaque pour qu'il y ait des buts, et en deuxième mi-temps quand une équipe doit revenir au score pour éviter une défaite, le match est souvent plus ouvert qu'en première.

La détermination des Chypriotes leur permet de faire un début en fanfare, l'ailier brésilien Manduca ouvrant le score après 10 minutes seulement. Mais ce but arrive trop tôt pour que le spectacle perdure, l'APOEL menant au score, il n'y a plus de réelle nécessité d'attaquer.

En fait, leur priorité devient alors défensive. Les deux équipes sont ex-aequo sur l'ensemble des deux matchs, et Lyon a 80 minutes pour inscrire un but à l'éxterieur, qui forcerait l'APOEL à marquer deux fois. Cette situation se prolonge même 30 minutes avant les tirs aux buts. L'APOEL a donc joué 110 minutes avec à l'esprit l'idée qu'un but encaissé aurait un impact négatif bien trop grand pour être compensé par l'impact positif éventuel d'un but marqué

Lyon, pour sa part, est venu armé de patience. L'OL n'est pas arrivé pour jouer le 0-0, mais ce score aurait quand même été un bon résultat. L'équipe alignée est donc prudente, avec Gomis sur le banc... loin d'être un 11 taillé pour l'offensive.

Une fois mené, Lyon devrait logiquement devenir l'équipe la plus offensive : mais à l’extérieur et avec des consignes de départ incitant à la prudence, il est difficile de se métamorphoser.

Lyon a finalement pris un peu plus de risques (notamment à travers les remplacements cités plus précédemment), mais le match a été globalement dans l'impasse pendant 110 minutes, aucune équipe ne montrant assez de détermination pour marquer. C'est un aspect problématique de la règle des buts à l'extérieur.

Arsène Wenger pense qu'on devrait revenir sur cette règle. "Cela a été créé dans les 50s quand les équipes sse déplaçaient avec 10 défenseurs et balançaient tous les ballons dans les tribunes" dit-il. "Aujourd'hui je crois que le poids stratégique du but à l'éxterieur a pris une trop grande importance. Les équipes obtiennent des 0-0 à domicile et s'en contentent. Au lieu d'avoir un effet positif, c'est tellement analysé aujourd'hui qu'on finit par obtenir l'effet inverse : l'équipe favorisée est celle qui défend bien à domicile".

Sans cette règle, sur ce match, l'APOEL aurait eu plus de liberté pour profiter de sa bonne entame et essayer d'enchainer sur un 2nd but, et la rencontre aurait été beaucoup plus intéressante.

23 février 2012

Marseille 1-0 Inter : Marseille arrache finalement la victoire sur son 44eme centre

André Ayew marque à la dernière seconde, et Marseille ira à Milan avec un avantage d'un but.

Didier Deschamps privé de son meilleur buteur Loic Rémy, titularise Brandao en pointe. Au milieu, Benoît Cheyrou est préféré à Charles Kaboré.

Claudio Ranieri se passe de Diego Milito pour des raisons de forme physique, et aligne  Diego Forlan et Mauro Zarate, seules surprises dans l'équipe intériste.

Cela a été un match étrange : l'Inter semblait avoir le contrôle en milieu de deuxième période, mais s'est de plus en plus ouvert à la pression adverse. Un 0-0 aurait probablement mieux reflété l'équilibre du match.

Formations

L'Inter se présente en gros en 4-3-1-2, avec Wesley Sneijder se décalant sur la gauche à la perte du ballon pour couvrir ce flanc. C'est d'ailleurs ce qu'il fait naturellement même quand on ne lui donne pas d'instructions défensives.

Comme dans d'autres matchs récemment (Milan-Arsenal et PSG-Montpellier) une équipe "étroite" affronte une autre qui utilise toute la largeur, avec - c'est intéressant - à chaque fois un entraîneur Italien face à un Français.

L'organisation de l'Inter


Les schémas ci-dessus sont néanmoins mis à mal par la souplesse de l'attaque de l'Inter, qui propose un 4-3-1-2 plus flexible que ce à quoi les clubs Italiens nous ont parfois habitué. Sneijder, pas vraiment dans un bon soir, mais il cause des problèmes à l'OM par ses déplacements et c'est de sa zone que vient le danger. Marseille l'avait logiquement identifié comme la menace majeure, mais la volonté de le bloquer conjuguée à ses déplacements lui permettent de fixer Diarra et Azpilicueta.

Cela ouvre des possibilités pour Esteban Cambiasso sur le côté gauche, et il sort du lot sur la première mi-temps, créant plusieurs opportunités et s'essayant lui-même à un tir au but. L'Inter semble avoir un coup à jouer quand Forlan ou Zarate viennent sur la droite de la défense Marseillaise ajouter au surnombre, mais il faut noter qu'Azpilicueta a très bien géré cette menace et a fait un excellent match

Marseille

L'OM se positionne dans un 4-2-3-1 assez standard, et sait qu'il doit s'appuyer sur les deux ailes, et les montées d'Azpilicueta et de Morel. Mais la présence de Sneijder a longtemps différé l'engagement offensif de l'Espagnol, et sur le côté gauche l'OM s'est trop longtemps cassé les dents sur Maicon et Zanetti, qui sont des clients défensivement.

Cependant, la largeur de Marseille lui permet de délivrer beaucoup de centres, près de 4 fois plus que son adversaire, et ce malgré l'apparente sérénité de Lucio et Samuel dans le domaine aérien.



L'aspect le plus intéressant de la bataille tactique est le positionnement de Valbuena, le meneur de jeu Marseillais. Il fait partie de ces joueurs qu'on pourrait décrire comme des "ailiers centraux", et il l'a bien montré aujourd'hui en navigant constamment d'un flanc à l'autre pour créer des 3 contre 2. Il est difficile de trouver un meilleur exemple de joueur axial se déplaçant sur les côtés :



La logique de cette attitude est claire : l'Inter se regroupe dans l'axe avec 3 milieux défensifs, Valbuena n'a donc pas d'espace dans cette zone, et il s'excentre pour avoir des ballons. Mais une fois que Sneijder et lui sont sur un côté, le match souffre du manque de créateurs en position centrale.

Cheyrou aurait pu être le joueur qui résout le problème, mais il a été trop statique et a peu contribué aux attaques. Marseille a souvent attaqué à 4 vs 7, puis 5 vs 7 avec la montée d'un latéral. Cheyrou aurait pu prendre plus de risques, et a fini par tenter quelques percées dans l'axe sur la fin.

Deuxième mi-temps

L'Inter montre un visage un peu plus offensif avec Yuto Nagatomo qui remplace Maicon : ce dernier semblant hors de forme. A un moment donné l'Inter semble prendre le dessus, mais les attaquants vont disparaître, et Sneijder ne se montre pas assez créatif.

Le match devient assez terne en deuxième mi-temps, en partie à cause de la décision de Ranieri de passer en 4-4-1-1 après l'entrée d'Obi sur la gauche, Sneijder se plaçant en soutien de Forlan. Cette formation permet de mieux protéger les latéraux, et on ne peut pas dire qu'elle soit mauvaise, malgré le résultat final. On peut par contre penser que Pazzini ou Milito auraient pu entrer en pointe.

Reste qu'une meilleure défense sur le corner aurait permis de sauver le match nul, et c'est d'abord cette erreur qui a couté cher à l'Inter, plutôt que la tactique.

Conclusion

Un match en apparence moyen, mais qui a pourtant eu un vrai intérêt avant que Ranieri ne tente de le tuer en changeant de formation, mettant fin au spectacle... ce qu'il a réussi malgré la défaite.

L'OM a attaqué intelligemment pendant de longues périodes mais avec un manque de qualité rédhibitoire. Même si l'équipe s'est montrée supérieure sur la fin, elle peut se considérer comme chanceuse de marquer ce but sur corner, et a de vrais motifs d'optimisme avec le retour de Rémy à San Siro.