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17 janvier 2012

Milan 0-1 Inter: l’Inter attend et contre


Diego Milito marque le seul but de la rencontre, et l’Inter est de retour dans la course au titre.

Max Allegri choisit Pato en pointe au detriment de Robinho, et place Urby Emanuelson et Antonio Nocerino dans le losange du milieu.
La composition de Claudi Ranieri était celle attendue, avec Wesley Sneijder sur le banc, et Ricky Alvarez sur la pelouse.

L’Inter a été attentiste mais discipliné, et surtout bien plus astucieux tactiquement.

L’organisation interiste

La première interrogation concerne la formation adoptee par l’Inter. Ayant joué à la fois en 4-3-1-2 et en 4-4-2 au cours des dernières semaines et avec les mêmes joueurs au milieu, ils pouvaient utiliser les deux systèmes.

En pratique, c’est une sorte d’hybride qui a été proposé. Dans les premières minutes on a cru voir un pur 4-4-2, avec cependant Javier Zanetti plus bas à droite qu’Alvarez à gauche, mais plus le match avançait, plus il semblait évident qu’Alvarez était autorisé à se déplacer vers sa position favorite de milieu axial : la formation dépendant en fait essentiellement de l’équipe en possession du ballon.

Le paradoxe dans ce système est qu’Alvarez peut venir dans l’axe pour apporter de la créativité uniquement quand l’équipe s’assure une bonne possession du ballon. Or elle en était incapable dans sa forme défensive en 4-4-2. Dans les faits,  cela a permis à Mark Van Bommel  de profiter de beaucoup de ballons sans opposition dans sa zone.

Comparaison des formations

Etant donné la possession du ballon du Milan et la formation de l’Inter, les trois milieux défensifs interistes ont en gros travaillé face aux milieux offensifs adverses. C’est à dire que Zanetti prene Nocerino, Thiago Motta se charge d’Emanuelson, et Cambiasso surveille Boateng. Les  trois ont alors manqué d’espaces, en particulier Emanuelson qui est le plus haut au départ, mais qui a dû en permanence descendre pour toucher le ballon.

Alvarez, plus haut, a gardé l’oeil sur Ignazio Abate qui n’a pourtant pas beaucoup participle offensivement – en résultat, Gianluca Zambotta se retrouve avec un boulevard sur le côté opposé. Il a pris cet espace et touché énormément de ballons,laissant meme dans son dos un espace que les attaquants de l’Inter n’ont pas hésité à prendre.

Occasions de but

Il n’y a eu que deux occasions dans le jeu en 1ère mi-temps, et toutes deux viennent des joueurs les plus libres quand on se réfère à la comparaison des formations ci-dessus.

La première vient d’un déplacement vers l’axe d’Alvarez, que ni Abate ni van Bommel ne suit de façon permanente, mais il est trop lent à l’exécution.

La seconde est l’oeuvre de van Bommel, toujours très libre, qui surgit à l’entrée de la surface et place une frappe en pivot qui heurte la barre. Le score est de 0-0 à la mi-temps.

Deuxième période

Il n’y a pas de changements à la pause – ce qui est logique côté Inter, qui a bien réussi à frustrer Milan, mais peut-être moins dans l’autre camp, Allegri aurait pu agir rapidement pour forcer la décision, étant donné la possession de balle dont il disposait.

Le début de la 2ème mi-temps offer peu d’opportunités. Milan continue d’envoyer de longs ballons sur le duo d’attaque, pour le plus grand plaisir de Lucio et Samuel. L’Inter attend assez bas et joue les contres, marquant finalement l’unique but du match sur l’un d’entre eux. Zanetti monte la balle et élimine van Bommel, Abate rate son interception, et Milito est libre à la finition.

Remplacements

Ce but est l’électrochoc qu’il fallait pour relancer la bataille tactique, les deux entraineurs se précipitant pour réagir à la nouvelle donne. Allegri lance Robinho à la place de Zambrotta qui laisse Emanuelson prendre sa place d’arrière gauche. Un remplacement logique : l’arrière gauche du Milan a peu de responsabilités défensives sur ce match et on peut donc y positionner un joueur offensif, d’autant qu’Emanuelson n’avait pas été très convainquant derrière les attaquants. Robinho se place donc en soutien du duo d’attaque, de sorte que la formation milanaise reste inchangée.

Alvarez commence également à se fatiguer dans son rôle inhabituel, et peine à faire ses replacements défensifs sur un Abate qui tente de se rattraper de son erreur sur le but. Ranieri le remplace alors par Cristian Chivu, Nagatomo passant milieu gauche et l’Inter adoptant un 4-4-2 standard, avec deux récupérateurs et deux coureurs sur les ailes. Ils reculent de plus en plus bas et gèrent la pression adverse.

Fin de match

Milan fonctionne alors très mal, il y a un manqué d’imagination avec la balle et aucune pénétration. Ibrahimovic a dézoné sur les côtés tout au long du match et a tenté quelques tirs depuis l’angle de la surface. Derrière lui, Pato est transparent et Robinho ne trouve pas d’espace. On ne voit pas vraiment  le plan du Milan pour forcer le verrou adverse, et seule l’arrivée très tardive de Stephan El Shaarawy apporte un peu de vitesse et de folie.

Ranieri fait entrer Sneijder pour le dernier quart d’heure avec pour mission de surveiller son compatriote Mark van Bommel, la liberté de monter balle au pied et de lancer les dernières attaques passe alors à Alessandro Nesta, mais l’Inter tient bon.

Conclusion

Une bataille tactique très interessante, que Ranieri remporte. Alvarez n’a pas été éxtrêmement influent sur la gauche, mais Ranieri a vu juste en titularisant 3 milieux défensifs pour contrer les 3 offensifs milanais, se contentant d’un seul milieu pour mener les attaques, et sur le jeu en contre. Le risqué était de laisser  Zambrotta  et van Bommel libres, et ce dernier a été à un poteau près de donner l’avantage au Milan… mais ce tir de 25m est la seule occasion où Julio Cesar a été sérieusement en danger. Ranieri peut donc considérer que sa stratégie est un success.

Milan, par contre, a fait un match très pauvre. L’équipe alignée parait limitée sur le papier : un duo d’attaque qui n’a jamais vraiment fonctionné, un trequartista assez moyen et deux coureurs sur les côtés du losange. Elle manque de ruse, et dépend trop de sa puissance au milieu et des exploits individuels devant.
Il est étrange de constater que ce Milan est l’exact opposé de ce qu’il était au milieu des années 2000, une équipe avec un milieu rempli de joueurs très créatifs, bien plus performant en Europe (3 finales de C1) qu’en Serie A (un seul titre).

Aujourd’hui, leur milieu est très puissant et fonctionnel, plutôt qu’intelligent. Ce n’est pas un souci pour détruire des équipes de bas de tableau, mais contre des adversaires de qualité, ils ont besoin de plus d’intelligence. Ceci est bien résumé par leurs résultats en championnat par ailleurs : 2pts sur 15 possibles contres les équipes du top 6, 35pts 39 contre les autres. Milan est le parfait exemple de gros qui ne bat que les petits (NdT : « Flat-track bully » dans le texte).

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