La Zambie créé la surprise en gagnant cette finale serrée aux penalties.
Hervé Renard fait le choix prévisible mais intelligent de modifier l'équipe qui avait battu le Ghana en demi-finale. Emmanuel Mayuka démarre avant-centre, Chisamba Lungu sur l'aile, et Isaac Chansa reprend sa place dans l'axe.
Après un turnover important pendant le tournoi, François Zahoui quant à lui ne modifie pas le XI qui a éliminé le Mali au tour précédent.
Cependant, la Zambie est obligée de rapidement remplacer l'arrière gauche Joseph Musonda, blessé, par Nyambe Mulenga, comme on le voit sur le diagramme ci-contre.
Début du match
La première occasion de but est à la faveur des Zambiens, après un corner à la rémoise joué très intelligemment le long de la ligne. Cette combinaison avait déjà été réalisée contre le Ghana et il est surprenant que les Ivoiriens n'y aient pas été mieux préparés. Dans un tournoi qui manque désespérément de buts marqués dans le jeu, il est logique de travailler particulièrement les coups de pieds arrêtés, et c'est probablement dans ce domaine que la Zambie est la plus dangereuse.
A part cette occasion, le tempo du début de match est relativement lent. Les deux charnières centrales ont de longues périodes avec la balle, qui circule lentement. La blessure a contribué à casser le rythme du jeu dés le début.
Positionnement des joueurs
La Zambie est organisée en gros de la même façon que depuis le début du tournoi. 4-4-2 sans le ballon, 4-2-2-2 avec lui, et Chansa se mêlant à l'attaque pour apporter numériquement à l'offensive. En position défensive, Katongo et Mayuka se positionnent entre les défenseurs centraux Ivoiriens et les milieux défensifs pour couper des angles de passes et ralentir les attaques adverses.
Didier Zokora est descendu plusieurs fois au niveau de ses défenseurs pour toucher des ballons, et il aurait probablement dû le faire encore plus; cela apporte de la fluidité, la balle arrive plus vite à l'avant, et les latéraux peuvent monter avec plus de liberté.
Le rôle de Touré
La grande question côté Ivoirien est de savoir à quelle hauteur va se situer Yaya Touré. Il semble avoir été aligné comme un numéro 10 finalement, mais a reçu très peu de passes dans cette position et a fini par descendre de plus en plus bas pour recevoir la balle.
La Zambie lui accorde volontiers la liberté de jouer entre les lignes, et son impact se révèle limité, malgré une belle action en fin de première mi-temps où il a plongé dans la défense avant de tirer de peu à côté, le tout en étant assez libre de marquage. Bref, il n'a pas réalisé le match de sa vie, et il a été finalement sorti en fin de match.
Jeu en contre
Jeu en contre
Les deux paires d'ailiers ont enchaîné les permutations tout au long du match, ce qui n'est pas la plus inventive des stratégies... . Cependant, en fin de 1ère mi-temps quand la Zambie arrive à garder la balle dans le dernier tiers adverse, Gervinho et Kalou ont commencé à se procurer des opportunités en contre, et la Zambie a vraiment été en danger à ce moment. Les Ivoiriens sont plus dangereux en contre tout simplement parce qu'ils attaquent en trop faible nombre pour pouvoir déséquilibrer une défense complète de 4 joueurs.
Cet espoir en contre semble avoir entrainé des instructions différentes en 2ème mi-temps. L'équipe joue plus bas, laisse avancer les Zambiens, pour les attirer et contrer dés la récupération. Il y a cependant un réel effort offensif en face, avec en particulier les déplacements du très bon Chansa.
Remplacements
Cinq remplacements sont effectués, mais seulement deux sont importants. Les autres sont en effet (a) le changement précoce pour blessure des Zambiens, (b) Didier Ya Konan remplaçant Zokora, et (c) Wilfried Bony entrant en lieu et place de Yaya Toure. Ce sont des changements qu'on peut qualifier de poste pour poste, bien que Konan joue plus haut que Zokora, et laisse Tioté comme unique milieu défensif, alors qu'il avait déjà un carton jaune. Il est passé près du second plus tard dans le match...
Mais les changements clés ont lieu sur les ailes. Max Gradel remplace Kalou, et vient chercher des ballons beaucoup plus bas (ce qui est important pour une équipe qui n'arrive pas jusque là à alimenter sa ligne d'attaque).
En face, Renard sort courageusement Nyambe, descend Lungu en arrière gauche et introduit l'ailier Felix Katongo. Gradel et Katongo ont tout deux créé des occasions avec leur vitesse sur les côtés, rappelant l'entrée de Jesus Navas en finale de la coupe du monde : une option latérale salvatrice quand tout le jeu se passe dans l'axe et que les joueurs commencent à fatiguer.
Peu de progrès au final
La recherche tactique s'arrête ici pour ce match. Dans un sens – et cela peut paraître étonnant vu le score de 0-0 – les deux équipes se sont retrouvées bloquées par le fait qu'elles avaient proposé leur système le plus offensif dés le coup d'envoi. Yaya Toure étant déjà haut sur le terrain, la Côte d'Ivoire ne peut pas apporter de nouveauté en le faisant monter. De même, Renard already avait déjà deux milieux sur les ailes et Chansa dans l'axe, plutôt que sur le côté comme face au Ghana. A part ajouter plus de vitesse sur les flancs, il n'y a donc aucun plan B évident pour les deux équipes, bien qu'il faille noter le changement risqué de Renard au poste d'arrière gauche. Est-ce un choix fait à cause ou malgré le pénalty gagné par Gervinho 5 minutes plus tôt dans cette partie du terrain?
La prolongation est classique : tendue, lente, et sans ambition. Les deux équipes ont peur de se livrer malgré des phases de possession importantes au milieu, et le 0-0 est un résultat logique au final.
Conclusion
La victoire Zambienne est un grand moment pour des raisons humaines, mais elle est aussi intéressante sur un plan plus technique. D'autres équipes nationales devraient s'inspirer du plan Zambien, en persévérant avec de jeunes joueurs sur une période assez importante, malgré de mauvais résultats au départ. Cette équipe est le fruit d'un travail de 6ans, et avait eu des résultats prometteurs chez les jeunes. "La planification sur le long terme n'est pas un concept révolutionnaire, mais elle est assez rare dans le football africain pour que ceux qui s'y essayent reçoivent de vraies louanges", remarque Jonathan Wilson.
C'est un nouvel exemple - après la Grèce en 2004, le Ghana et l'Uruguay en 2010, et plusieurs équipes en Copa America 2011 - que le succés au niveau international face à des adversaires supérieurs réside dans une mentalité globalement défensive, une bonne organisation, du travail sur les coups de pieds arrêtés et des qualitiés en contre.
La Côte d'Ivoire en étant consciente, et n'a pas concédé le moindre but en 6 rencontres, illustrant l'intérêt de garder une charnière inchangée pendant une compétition même avec du turnover aux autres postes (bien qu'une certaine solidité initiale aide cette politique...). L'équipe a rarement pris de gros risques, en général à raison, mais la difficulté à se créer des occasions n'est plus vraiment une surprise. Il manque encore un authentique technicien au milieu. 0-0 en 120 minutes est une fin logique pour un tournoi en manque de créativité dans le jeu.
Ce match se termine sur un nul, mais c'est une victoire tactique pour Renard. La tactique consiste à tirer le meilleur de ses joueurs, et étant donné les moyens considérablement plus important de l'équipe ivoirienne, on peut considérer que Renard est celui qui a maximisé ses ressources.
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